bonsoir
c'est toujours difficile de partager des avis en ce domaine car très (trop?) souvent la passion l'emporte sur l'objectivité. en plus l'auteur initial du poste a donné trop peu d'éléments pour pouvoir l'orienter.
Aussi plutôt que de dire : ça c'est bien ça ce n'est pas bien je préfère exposer comment ,
en toute modestie, nous procédons mon épouse et moi-même qui sommes dans cette même réflexion de choix depuis pas mal de temps. Tout en considérant que ce n'est qu'une piste de travail pour d'autres qui auraient un tel projet
Le programme
comme dit par un autre membre du forum, si c'est pour passer 3 semaines par an en France ce n'est pas pareil que pour partir sur une grande croisière de plusieurs mois.
La place de port en France est très chère, à longueur égale de bateau le tarif de la nuit au port d'un catamaran par rapport à un monocoque c'est un facteur de 1,5. Sur la façade atlantique peu de ports de pêche reconvertis à la,plaisance sont susceptibles d 'accueillir de gros catamarans .
En Mediterranée c'est encore pire. Et rien de plus désagréable que de faire la course à l'échalote pour arriver tôt dans un port pour avoir la moindre chance de pouvoir s'installer pour une nuit
du coup la solution c'est de prévoir comme pour la grande croisière = l'autonomie maximale (eau douce fuel , énergie électrique, aptitude a entretenir et bricoler soi même le bateau)et de faire du mouillage forain. ou alors rester en monocoque.
prendre le maximum d'infos
les salons bien sûr, mais nous allons aussi à la rencontre des utilisateurs.
- Lors d'un séminaire Sail The World sur la météo nous avons rencontré un couple ayant possédé un Orana et qui l'on revendu au bout de 5 ans pour un Privilège marque je ne connaissais absolument pas . ils nous en vantaient les qualités de confort.
- Il y a 3 jours j'en ai aperçu un Privilège 495 au ponton visiteur de Port haliguen,; une unité magnifique et j'ai detourné ma route pour venir tailler une bavette avec le proprio, un gars très sympa d Hendaye tout content de partager son expérience. Ce qui m'a frappé de suite c'est la qualité palpable des matériaux. Le gel coat de son bateau qui a déjà 8 ans est magnifique , épais et soyeux au touché (comme sur mon Boston Whaler). les chandeliers en inox sont du genre très costaud et pas prêts de se plier si un novice d'un bateau à couple vient s'appuyer dessus pour déborder son propre bateau. Des martyrs inox partout où passent des aussières , un gréement dormant de dimensions respectables....Comme disait le proprio du bateau: "Privilège c'est au catamaran ce que sont les Amel aux monocoques". (avec cela on sait déjà ce que cela implique ...)
- Un bon copain, Regis guillemot qui tient un agence de location en Martinique nous a également donné son point de vue de pro en nous déconseillant une marque ultra connue pour le grand nombre d'unités vendues. qualité de construction vraiment cheap et finition genre "ikea" et flybridge pas terrible.
Essayer avant d'acheter
C'est après avoir loué deux catamarans différents , un Orana 44 (44 pieds) puis un Mahé 36 (36 pieds) tous deux aux Antilles donc conditions similaires que nous avons su que le 36 pieds ne nous conviendrait pas. et que pour le 44 pieds c'était tout a fait dans nos cordes à manoeuvre en couple.
les essais vont continuer dans les prochains mois avec des rendez vous avec les chantiers de construction + les essais aux grand pavois de la Rochelle et la visite des unités à Cannes.
"Connais-toi toi -même..."
cette phrase célèbre tiré du fronton de Theatre de Delphes est pleine de bon sens. Si nos essais en louant des bateaux nous ont conforté c'est aussi dans la limite supérieure à ne pas dépasser en taille de bateau. Compte tenu de notre âge et nos capacités physiques, au dela de 43 - 45 pieds ce serait pure folie!! Sans parler du budget d'entretien qui exploserait de manière exponentielle.
Sur cette logique là des capacités physiques, on a déjà écarté du choix possible les catamarans un peu extrêmes. C'est certes sympa de pouvoir cavaler à 15 18 noeuds , mais bon de l'avis de ceux qui l'ont fait cela ne peut durer plusieurs jours de suite car c'est épuisant nerveusement et physiquement sur une longue traversée. De plus de telles capacités , de nos jours cela impose des concepts radicaux : dérives, coques fines étroites , plans de voilure élancés. il faut donc avoir une sacré pêche ou un bon équipage pour jouer avec tout cela.
Acheter en pensant revente
Cela peut paraitre trivial de parler argent ou bien du genre "tue l'amour du bateau" mais pourtant... Nous avons eu dans notre vie pas mal de bateaux très différents de style (voilier/moteur) de type de construction (bois moulé, puis semi rigide puis fishing américain en polyester de qualité exceptionnelle). Un élément clef de cette expérience plutôt très heureuse: avoir su choisir des bateaux qui avaient une forte cote de popularité ou bien porteurs de rêve et qui se sont revendus aussitôt l'annonce publiée.
C'est important notamment en cas de pépin imposant de mettre fin au projet ou à l'écourter parce que la vie a brusquement basculé (expérience vécue et croyez moi, ça marque à vie)
Rester en deça de ses capacités budgétaires
L'achat d'un bateau n'est pas un investissement rentable. c'est une dépense, point barre. donc autant en maitriser le périmètre.
Dans le n° de Bateaux 2013 consacré au salon Nautique il y avait un article sur cette question du budget pour faire une grande croisière. Et j'ai gardé en mémoire cette phrase d'un des couples interviewés. Ils avaient de gros moyens mais avaient pourtant dit cette phrase.
" acheter et vivre un peu en deçà de ses capacités". Autrement dit
"ne jamais se retrouver au taquets au niveau budget".
achat "neuf ou occase"?
on est toujours dans la rubrique pognon qui fait chuter les beaux rêves mais bon une fois que c'est intégré les rêves repartent alors...
Alors l'occasion c'est bien mais pas d'illusion à se faire, le refit est indispensable . il faudra refaire et même changer les moteurs, les hélices si celles ci étaient en tripales, reprendre le gréement dormant et les voiles essentielles , revoir le dessalinisateur revoir le circuit électrique les batteries et la plomberie. sans doute changer les couchages et coussins fixes, etc... donc le budget peut vite cuber.
Et financer cash ce n'est pas notre truc car fiscalement c'est aussi mauvais que de placer toutes ses éconocroques sous un matelas ou dans un livret A. la LOA est LE BON PLAN , qui permet une réfaction partielle ou totale de la TVA (selon le lieu de séjour) mais cela n'est possible que sur du neuf ou des unités très récentes.
So what?
Notre cahier des charges (qui ne vaut que pour nous) est déjà bien avancé.
1) notre programme de grande croisière sur plusieurs années impose une unité de 43 - 45 pieds avec le maximum d'autonomie.
2) tireau d'eau 1,20- 1,25 max (pour ne pas se retrouver à perpète dans les mouillages)
3) le moteur devra obligatoirement être d'une marque avec réseaux de distribution de pièces et de maintenance partout dans le monde (cela réduit les possibilités (volvo, Yanmar, Perkins).
4) surdimensionnement des winches et guideaux, idem côté parc de batteries
5) mât avec structure de gréement dormant la plus simple (plus simple à surveiller)
6) aménagements intérieurs en matériau imputrescible (j'ai vu les dégâts occasionnés par l'humidité tropicale sur les menuiseries intérieures)
7) plan de pont sécurisé ; l'exemple des Hélia 44 et Saba 50 me parait intéressant. car le passage du "cockpit" (ou plutôt carré arrière) vers la nacelle de pilotage est un modèle du genre.
8) pas de fly bridge avec un plan de voilure perché tout la haut. Regardez certains Lagoon on a l'impression de devoir escalader un immeuble pour accéder à la bôme
Du coup la liste devient de plus en plus une short-list.
Sont écartés compte tenu de notre profil (âge capacités physiques et financières) et nos besoins
catana : système à dérives
swiss catamarans: budget trop elitiste
Alibi : concept absolument génial et très trendy côté écologie mais pour navigateurs richissimes et le marché en occasion ne suivra pas car à un certain niveau de budget les gens achète forcement du neuf.
Leopard: trop moche de ligne (ça me fait penser à un camping car flottant) et j'ai un doute avec l'effet carène liquide que constituerait un remplissage du cockpit avant par mer très formée
Bali: le système de cloison amovible carré / cockpit c'est surement très bien en mouillage à Porto vecchio, mais dans une traversée agitée du Pacifique ou de l'Ocean Indien, là j'aurai franchement peur.
O yachts: catamaran rapide et dessiné par E Lerouge une de meilleures signatures qui soit. mais coques trop étroites => habitabilité pas Ok pour un long séjour. faire de l'acrobatie pour s'extraire des WC quand on est grand c'est vite insupportable
Seawinds: bateau un peu veau par petit temps et concept trop australien- Neozelandais.
Gunboatconcept intéressant et même sexy MAIS trop cher et manoeuvres du gréement courant très compliquées pour équipage réduit.
TS 42: recommandé par notre copain R Guillemot qui en a un pour faire de la croisière rapide mais sur des locations de une à deux semaines. Sans doute intéressant mais pas fait pour notre programme qui imposera du volume de rangement (donc du poids) et du confort (donc du poids)...
sont encore retenus
Foutaine Pajot helia 44 . mais problème avec les finitions intérieures ; des angles vifs de menuiserie c'est une hérésie dans un bateau (il parait que cela vient de changer- à voir) il faut voir également si la nouvelle équipe va faire oublier la mauvaise image de marque du passé avec certaines séries qui étaient vraiment mal finies.
Privilège très qualitatif en finition et construction, mais prix élitiste et décoration faisant "nouveau riche , bling bling".
Lagoon en version sport-top , c'est tout nouveau, et non pas flybride. Mais bon il faut espérer que les dernières unités ne présentent pas certains défauts de finition type Ikea (craquements au niveau des cloisons, qualité cheap des boiseries se dégradant rapidement...)
Nautitech: les 482 est trop grand pour nous (15m de long ce n'est pas rien à garer quand on n'est que deux), l' Open 40 est trop petit et le concept ne nous plait pas . du coup on va voir ce qui va sortir prochainement du chantier avec l'open 46.
Outremer: mais l'habitabilité est limite dans le 45 pieds qui fait la part trop belle aux performances de vitesse avec des coques vraiment étroites
Balance 451: voir fiche d'essai de Multicoque magazine n° aout 2015. Fabriqué en Chine (!) , qualité de finition des menuiseries au top niveau. et Mais c'est un chantier tout nouveau donc risque de se retrouver avec un produit unique dont personne ne voudra en occasion...
pour aller plus loin:
lire et relire les essais faits par l'équipe de Multicoques magazine et notamment leur deux derniers numéros où ils ont fait un récap très intéressants de leurs essais dans la catégorie 40 à 50 pieds.
lire également leurs dossiers sur les occasions et leur refit. ainsi que les dossiers sur la préparation de tels projets